LA COLLABORATION – A. LACROIX-RUIZ

lacroix-ruizL’Université Populaire de l’Aube a accueilli, le 11 mars 2014, Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, pour une conférence sur la collaboration.

Elle traîne derrière elle, dans certains milieux, une mauvaise réputation qui lui a valu maintes fois la censure. Pourtant, ce serait plutôt le chevalier blanc qui vole au secours de l’innocente et chaste et pure vérité historique. Elle fut donc interdite d’émissions et même, une fois, sollicitée pour un débat qui nécessita une assez longue recherche historique fort éclairante sur la saga Bettencourt, et finalement écartée de cette émission. Il n’était sans doute pas utile de dire dans les medias que le fondateur de l’Oréal était un agent de l’ennemi, Eugène Schueller, membre de la Cagoule (Clic pour plus d’infos).

Si Annie Lacroix-Ruiz possède un défaut, réel celui-là, c’est d’aller fouiller dans les puits pour en extraire les documents destinés au pourrissement et finalement faire éclater des vérités qui dérangent parfois les âmes sensibles. Dans ce cas la curiosité est un aliment pertinent de l’objectivité.

Sa conférence a été écoutée quasi religieusement tellement son propos ouvrait des perspectives originales. Finies les petites querelles entre les personnels politiques des états, derrière les démocraties se profile un supra-pouvoir qu’elle appelle une synarchie dont le but est de régler les affaires économiques du monde capitaliste (sur le dos des peuples évidemment). De les régler pacifiquement autant que faire se peut. Mais parfois, les peuples peuvent manifester leur mécontentement quand la crise leur impose trop de sacrifices. Il faut donc favoriser l’émergence de pouvoirs forts, pour ne pas dire dictatoriaux et fascistes. Annie Lacroix-Riz s’est donc évertuée à passer à ce crible l’histoire de l’avant-guerre de 1920 à 1940.

Le public a posé de nombreuses questions pertinentes sur l’objectivité en histoire, sur le rôle des syndicats et des partis, sur les causes du déclenchement des guerres. A la fin de la soirée, on faisait la queue pour obtenir des éclaircissements ultimes sur cette période tragique de l’histoire. On voit bien, grâce à cette conférence, que les gens ont besoin d’une explication du monde, qui donne un sens à leur vie et, pour beaucoup, à leurs efforts pour l’améliorer, sinon la leur propre, du moins celle de la société dans laquelle ils ont du mal à trouver des repères. L’histoire dit-on, ne repasse jamais les plats, mais elle repasse quand même des parfums, des idées, des méthodes toujours agissantes aujourd’hui. Si bien qu’en filigrane, apparaissait pour le public, et la montée de l’extrême droite en Europe, et l’affaire ukrainienne.

J’avais, en relisant « La Pensée libre » écrit en 1941-42 par Georges Politzer, Jacques Decour et Jacques Solomon* découvert comment Pierre Laval en 1940 entendait exploiter la défaite au profit du fascisme. Ce politicien passé du socialisme au national-socialisme** disait « La défaite était venue, la démocratie avait perdu : elle devait payer… Il fallait que la France abjurât une idéologie qui l’avait conduit à sa perte. » 

Et comme aujourd’hui, il y en a qui croient qu’un certain parti d’extrême droite se bat contre le capitalisme ou contre les privilèges, ce qui a un petit air révolutionnaire, Laval disait aussi : « Le capitalisme dans ce qu’il a d’abject, doit disparaître ». « C’est l’argent qui a tout corrompu, ce fut, d’une part la recherche du profit, de l’autre celle de l’emploi. On s’attend là, à ce qu’il parle de la lutte des classes, mais ce n’est pas de ce capitalisme là dont il parle:« ce fut, ensuite pour la masse populaire, cette course vers l’argent, vers l’augmentation des salaires qui masquait la réalité des droits et des devoirs d’un pays qui veut prospérer. C’est cela qu’il faut que, dans votre nouvelle constitution, vous abolissiez. » Autrement dit, guerre aux conquêtes du Front Populaire.

On a donc pu demander à Annie Lacroix-Riz qu’elle nous dise, si cette collaboration politique, idéologique menée contre le monde ouvrier, contre la gauche a pu se conjuguer au plan économique et financier. Elle nous l’a amplement et brillamment démontré.

Jean Lefèvre

* Ces trois philosophes communistes furent fusillés au mont Valérien en 1942.
** Les politiciens de gauche furent quelques uns à rejoindre le camp de la collaboration : Déat (SFIO), Doriot (PC), Belin (CGT), Albertini (de Troyes), et à tomber dans le populisme puis la collaboration.

→ Site d’Annie Lacroix-Ruiz

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Mémoire et Résistance : une conférence d’Annie Lacroix-Ruiz

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