Christian Langeois : « Marguerite »
Marguerite Buffard-Flavien est née dans le Jura en 1912. Elève de l’École normale supérieure de Sèvres, professeur de philosophie, elle s’engage en 1934 dans le combat antifasciste.
Nommée successivement à Colmar, Caen, puis Troyes, restée fidèle au Parti communiste, elle est révoquée en décembre 1939. Elle travaille ensuite comme ouvrière dans une bonneterie puis, exclue du PCF, isolée, rejoint la ferme de la famille de son mari. Internée en 1942 au camp de femmes de Monts, près de Tours, elle participe à l’une des rares révoltes contre la mauvaise nourriture. Transférée de ce fait à Mérignac, près de Bordeaux, elle s’évade en décembre 1943 et rejoint la Résistance à Lyon.
Agent de renseignement à l’inter-région FTP, dénoncée, elle est arrêtée par la Milice le 10 juin 1944. Le 13 juin, vraisemblablement par crainte de parler sous la torture, elle se défenestre du troisième étage du siège de la Milice, rue Sainte-Hélène. Elle meurt le jour même sans avoir parlé. Rapidement, après quelques hommages, elle a disparu de la mémoire collective. Une plaque est apposée rue Sainte-Hélène, avec la mention erronée « Assassinée par la gestapo ».
Christian Langeois reconstitue cette vie brisée sur la base d’archives, d’une riche correspondance (en particulier avec son mari prisonnier en Allemagne), de quelques témoignages. Il restitue la figure d’une femme d’exception pleinement engagée dans la vie au nom d’un idéal humaniste.
C’est sa première biographie, suivie d’une seconde sur Henri Krasucki. Il collabore également au Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, mouvement social (Maitron).
L’avis de Jean Lefèvre :
Pour moi, je suis allé de révélation en révélation, mais aussi d’émotion en émotion. J’ai beau m’en défendre, mais cette « foi » qui inspira Marguerite, comme elle guida de nombreux communistes, ressemble fort à la foi tout court des premiers martyrs chrétiens. Chrétienne, Marguerite aurait été canonisée ! Mais chez elle, la lutte c’est l’espérance concrète d’une France libérée, c’est le combat pour le pain et la liberté de ses codétenues quand elle est enfermée à Mérignac ou La Lande, c’est l’enseignement qu’elle dispense à ses élèves de philosophie au Lycée de Troyes. Et c’est une irrépressible envie de rire et de vivre. De vivre un amour réel avec son mari Jean Flavien, prisonnier de guerre en Poméranie. Rien d’angélique là-dedans. On côtoie dans ce beau livre des personnalités bien humaines, combattantes, énergiques, fortes. Cette biographie est préfacée par Odette Nilès, présidente de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé, auteur de « Guy Môquet, mon amour de jeunesse ». Une postface de l’historien Roger Bourderon resitue l’itinéraire de Marguerite Buffard-Flavien dans son contexte national.