Laurence Jeanson : « Ma jeunesse bouleversée »
Laurence Jeanson* a écrit ses souvenirs de Résistante, dans un livre émouvant : « Ma jeunesse bouleversée, Femme dans la Résistance 1939-1945 ».**
Je la pressais depuis plusieurs années de le faire car les femmes résistantes ne furent pas les moins courageuses mais certainement les moins mises à l’honneur. Laurence Jeanson, née Lévêque, est la belle-sœur d’Hubert Jeanson qu’on assassina à Creney le 22 août 1944. elle fut un des piliers de la résistance mise en place par les frères Jeanson de Baudement (51) près d’Anglure. elle épousa Etienne, un des huit enfants d’Eutrope et Juliette, tous plus ou moins impliqués dans la lutte menée contre l’occupant.
Pour mieux mesurer son rôle, elle a d’abord créé le « groupe d’Hampigny » avec sa soeur Yvonne (Mauricette) qui fut agent de liaison de Marcel Lesuisse. Elle a participé à la naissance de la Cie France avec Hubert Jeanson, Maurice Camuset (Ariel) et Impérial (François). On la retrouve au maquis de Varsovie dans la Marne que commande Albert Lafon, un ancien des Brigades Internationales. elle rencontre par ailleurs au cours de ses missions Léon Mamoutov ou Gaston Gagnière et cite une infinité de noms dont elle regrette qu’ils ne soient cités par aucun historien. Si elle en écorche un (Mamoutowe par ex.), cela ne fait que prouver la fraîcheur et l’honnêteté de sa mémoire auditive.
Car le livre de ma tante n’est qu’un témoignage et non un livre d’historien. elle l’affirme en introduction : « Cet ouvrage n’est que le récit authentique de ce que fut ma vie de jeune résistante… Mon témoignage s’ajoute à celui d’autres combattantes : j’ai 88 ans et souhaite donner ce récit au public avant de m’en aller. » Laurence relate ce qu’elle a vécu et nourrit son récit des témoignages qu’on lui a fait. elle parle donc aussi des grands événements Aubois, tels qu’on les « ressentait » alors : le fameux bombardement anglais de Mailly, Saint-Mards, Creney, Buchères, l’auto-libération de la prison Hennequin, dont on connaît plusieurs versions, etc. Puissent ces pages émouvantes apporter un éclairage supplémentaire sur toutes ces vies qui furent « comme les feuilles qui tombent de l’arbre pour faire du terreau. La qualité du terreau dépendra de celle des feuilles. Je veux parler de la jeunesse française en qui je mets tout mon espoir… », ainsi que l’écrivait Jacques Decour avant d’être fusillé au Mont- Valérien.
Jean Lefèvre
* Belle-soeur de ma mère, Yvonne Jeanson, également impliquée dans toutes ces activités résistantes.
** Editions Velours (18 €)
Lire l’article paru dans la revue Bourse du Travail
- On peut se procurer ce livre en contactant Jean Lefèvre :