MAURICE CAMUSET
Né le 23 juillet 1920 à Romilly-sur-Seine. Décédé en 2002.
Maurice Camuset naquit dans une famille ouvrière, le 23 juillet 1920 à Romilly-sur-Seine. II est connu comme résistant et comme maire.
Il entra comme ouvrier peintre aux ateliers de la SNCF, mais cultiva le dessin d’art dans l’atelier de Pierre Jamin à Troyes. Quand l’occupation survint, il fut ulcéré et ressentit « un choc indéfinissable » qui le fit entrer en résistance. Il fit partie jusqu’au début de 1944 de la « Résistance civile » restant à son poste de travail. Jeune cheminot, il fit d’abord des actes individuels, distribuant journaux et tracts dans l’entreprise ou peignant des slogans antinazis. Pendant l’hiver 1942-1943, un responsable régional, Hubert Jeanson (il sera fusillé à Creney le 22 août 1944), le sollicita pour créer un groupe FTPF à Romilly. Maurice en devint responsable sous le pseudonyme d’Ariel. II fut nommé lieutenant dès la création de la Cie France. Maurice Camuset se spécialisa alors dans le sabotage. II détruisit la ligne à haute-tension de Saint-Martin-de-Bossenay, fit dérailler un train allemand à Crancey, plastiqua des camions allemands et l’écluse du canal de Conflans. Aux ateliers SNCF, sautèrent des compresseurs et le transformateur principal. En avril 44, il dut quitter son poste de travail pour entrer dans la clandestinité.
Il fonda, avec les Jeanson de Baudement, le maquis de la Ferme de Varsovie dans le but de créer, selon l’état-major du Front national, « une ligne de front intérieur ». On retrouva Camuset au maquis de La Traconne, puis de Rigny-la-Nonneuse, où son « groupe franc » continua les sabotages. Le 14 juin 1944, le maquis fut attaqué en force. Le commandant Lafont y fut mortellement blessé. Camuset fut chargé d’organiser le repli de 126 jeunes. Puis, ce fut Saint-Mards-en-Othe, à son tour attaqué le 21 juin. 27 jeunes y furent massacrés. Ariel participa aux combats libérateurs de Troyes. En février 1945, il rejoignit son foyer où venait de naître sa fille Arielle ! Il retrouva Gisèle, son épouse, complice en Résistance qui symbolise bien l’action difficile des femmes dans la clandestinité.
Ariel qui avait adhéré au PCF pendant l’Occupation redevint Maurice Camuset et se consacra à la lutte sociale et politique, décidant de poursuivre dans la vie civile l’engagement moral qu’il avait pris au combat. Il devint conseiller municipal, puis maire de 1949 à 1984. II dirigea la fédération communiste de 1959 à 1970, mais se consacra surtout à la lutte sociale. Il fut conseiller général de 1960 à 1970. Il fut fait Chevalier dans l’ordre du Mérite en 1982, et obtint trop tardivement la Légion d’honneur en février 2001.
Maurice Camuset, maire de Romilly-sur-Seine
Durant 35 ans, il transforma totalement Romilly, n’ayant de cesse, par ses nombreuses réalisations, de faire entrer sa ville dans la modernité, de promouvoir l’éducation,la culture, le sport, la solidarité, le progrès social, enrichi qu’il était des valeurs contenues dans le programme du CNR. Ce fut d’abord l’adduction d’eau. Dans chaque foyer, cette eau tant désirée fut légitimement nommée « la Mauricette ». Puis il y eut les lycées, collèges, colonies de vacances, classes de neige, la MJC, la maison de l’enfance, le club municipal omnisports, les stades, la piscine, le conservatoire de musique, le nouveau cinéma, la première maternité, la bibliothèque, les foyers des anciens, les logements sociaux et le nouvel hôpital, inauguré par le ministre Jack Ralite, en 1972, puis baptisé en 2008 « Hôpital Maurice Camuset », après 10 ans de requêtes. Maurice Camuset œuvra aussi au mouvement de la Paix et dans les associations de la Résistance (ANACR) dont il fut un des dirigeants nationaux.
Il a été le maire qui a laissé l’empreinte la plus profonde, la plus concrète, la plus durable dans sa ville durant le XXème siècle. Sa vie fut celle d’un homme extraordinaire, d’un homme de courage, de droiture, celle d’un homme dévoué, généreux, tolérant, ouvert aux autres sans distinctions.
Jean Lefèvre