Léon Ludot, dit « Raton »
Il est né le 13 mai 1897 à Troyes. La même année qu’Aragon. Ses parents sont ouvrier et commerçant. Petit commerçant, cela va sans dire. Raton adhère au Parti communiste dès sa création au fameux Congrès de Tours le 25 décembre 1920. C’est là que les majoritaires adhèrent à la SFIC et que les minoritaires font scission (SFIO). En russe (puisqu’il s’agit d’adhérer aux 21 conditions de l’Internationale), majoritaire se dit »bolchevik » . Léon est également à la CGTU et devient membre du comité de la section communiste de Troyes en 1924. Il est même secrétaire de la cellule Degageux en 1928.
Les communistes d’alors »bouffent du curé » , vieille résurgence des conflits du XIXe siècle où les républicains instauraient non sans difficulté l’école laïque. Léon Ludot préside donc l’Union antireligieuse et occupe le poste de secrétaire adjoint de la Libre pensée. Après 1936 qui a vu la réconciliation des »frères ennemis » de la gauche et l’avènement du Front populaire, arrive René Plard* qui met le bazar dans le parti, et devient député-maire. Sa popularité et ses louvoiements politiques mettent à mal l’organisation. La scission fait mal et les communistes fidèles n’ont plus que l’arme de l’exclusion qu’ils manient avec beaucoup de rapidité sans trop de discussion. Époque difficile pour tout le monde et quand arrive la guerre » mon » Raton se retrouve exclu comme d’ailleurs la pauvre Marguerite Buffard. Tandis que René Plard louvoyait, les exclus, eux, devenaient des héros et rejoignaient leurs camarades d’hier. On le verra avec Marguerite mariée au dirigeant communiste Jean Flavien. On s’en rend compte avec Léon Ludot qui entre dans la Résistance en juin 1943. Il reçoit chez lui des groupes FTPF, Géhin, Fréon, Vantalon, Burtin, Luthy, Charles Alfred, les Stéphane, les Catrin… Léon Ludot qui habite alors derrière la laiterie troyenne (mail des Charmilles) aide Schmidt à tirer les tracts et affichettes. La citation à l’ordre du Corps d’armée signale qu’il fut »volontaire pour toutes les missions, sabotage de voies ferrées, machines à battre, détériorations diverses » . Le 15 décembre 1943, il fait sauter une locomotive de la station de pompage, gardée par la police. Les Allemands les arrêtent tous les deux après une intervention musclée le 6 mars 1944. Léon est incarcéré à la prison Hennequin de Troyes puis est transféré à Châlons-sur-Marne (devenue Châlons-en-Champagne) puis au camp de Compiègne- Royallieu ou 54 000 déportés sont en attente des camps de travail et d’extermination. Ce sont presque tous des prisonniers politiques (70 %) , des résistants, des ressortissants étrangers indésirables (Russes, Italiens et Espagnols antifascistes, coloniaux, Juifs 12 % transférés vers Drancy,). C’est également une réserve d’otages parmi lesquels 3 importants dirigeants communistes fusillés le 7 mars 1942.
Léon Ludot restera un mois à Compiègne et sera déporté le 4 juin 44 à Neuengamme où il mourra le 9 décembre. Il sera décoré de la Croix de guerre avec Etoile de vermeil et fait adjudant à titre posthume.
* Lire « René Plard » par le regretté Denis Coton (éd.Dominique Guéniot).
Merci à Jeannine Ludot sa fille qui perpétue son souvenir et qui nous a aimablement fourni les renseignements nécessaires.