JULES FERROUIL
Né le 23 mars 1891 à Lens-l’Étang (Pas-de-Calais), fusillé par les Allemands le 19 avril 1942 à Montgueux (Aube) ; maraîcher ; militant communiste de l’Aube, puis militant clandestin pendant l’Occupation.
Jules Ferrouil, fils d’Adolphe Ferrouil et de Marie Giraud, s’était marié à Millau le 21 septembre 1918 avec Louise Montjaux. Il était alors sergent au 6ème tirailleurs indigènes à Marcollin par Beaurepaire (Isère). Ils se sont installés dans les années 20 comme maraîchers à Saint-André les Vergers. Ils militèrent alors au Parti Communiste dans cette commune limitrophe de la ville deTroyes (Aube). En 1936, pour des raisons obscures, le couple fut exclu. La dissidence occasionnée par le maire René Plard en 1930 divisait alors profondément le parti. Les Ferrouil continuèrent cependant à militer au plan syndical et social.
Après l’interdiction du Parti communiste en 1939, Jules et Louise Ferrouil demandèrent à participer à sa reconstitution. Ils s’engagèrent près d’Alice Cuvilliers* et voulurent « être utilisés à n’importe quelle tâche ». Leur premier travail fut l’entrepôt de matériel, l’hébergement des illégaux et la tenue de réunions du fait que leur maison possédait deux issues. En mai 1941, ils étaient partie prenante dans la constitution du Front National**. Une descente de la police française eut lieu chez eux en février 1942, alors qu’ils hébergeaient Charles Grosperrin, un dirigeant interrégional de la Résistance communiste. Celui-ci y avait organisé une réunion clandestine. Des échanges de coups de feu eurent lieu. Grosperrin, bien que blessé à la cuisse, réussit à s’échapper***. La perquisition chez les Ferrouil, permit à la police de récupérer du matériel de propagande caché dans leur propriété.
Les résistants avaient été dénoncés par Jean-Pierre Ringenbach, un résistant qui a fini par parler sous la torture le 24 février****. Le CD Rom du CRDP de l’Aube indique que Jules Ferrouil est fusillé en représailles d’un attentat commis au Havre le 2 avril 1942. Le tribunal militaire allemand le condamna à mort, sa femme aux travaux forcés.Il fut fusillé à Montchaud (commune de Montgueux***** près de Troyes) le dimanche 18 avril 1942. Fut-il fusillé en représailles d’un attentat commis au Havre le 2 avril 1942, comme l’indique le CD Rom du CDRP de l‘Aube ? En tout cas, condamné à mort pour faits de résistance, il ne fut pas exécuté comme otage.
Les hommages à sa mémoire furent nombreux de la part du parti communiste (portrait dans la Dépêche de l’Aube le 14 juillet 1945, cérémonie de témoignages de la part d’Alice Corpel-Cuvilliers, ancienne déportée, en 1950). Une plaque fut apposée sur leur maison, 72, Av. Wilson, comportant le nom des deux époux.
Une rue de Saint-André porte le nom de Jules Ferrouil, seul avec une faute, Ferrouil étant orthographié « Ferrouille ».
Malgré les demandes des associations patriotiques, le maire se refuse à corriger cette faute et à rajouter le prénom de Louise sur la plaque.
Sources : La Dépêche de l’Aube. Cécile Ouzoulias Romagon, J’étais agent de liaison des FTPF, Messidor, 1988. — Ville de Saint André, Au cœur de la mémoire, 1995. — Notes de Jean Lefèvre et de Claude Pennetier. Sylvain Boulouque, René Lemarquis.
Nouvelle rédaction et compléments : Jean Lefèvre pour l’ADIRP.
* Seule femme participant à la réunion du 5 septembre 1940 du Château des Cours à Saint-Julien-les-Villas, où fut élaboré sous la direction de Maurice Romagon le ramassage des armes abandonnées par les soldats.
** Sous l’égide d’un instituteur (Périer) venu de Paris, le Front National de la Résistance put se constituer autour de Balestié, Giroux, Gervais, Pavoille, Ferrouil. CNDP académie de Reims.
*** Charles Grosperrin et Lucien Dupont étaient chargés par Albert Ouzoulias de diriger la résistance dans l’Aube. Arrêté par la police, menotté, Grosperrin réussit à fausser compagnie à ses gardiens en simulant une blessure au pied. Dans sa fuite, il reçoit une blessure à la cuisse et doit se cacher plusieurs jours avant d’être recueilli par un agriculteur de la Rivière-de-Corps. Arrêté un peu plus tard à Paris, on le fusilla le 26 février 1943 au Mont Valérien avec Dupont.
**** Ce résistant fut condamné à mort par les Allemands mais sa peine commuée en déportation. Il sera libéré par les Américains en 45, subira un procès à la libération et bénéficiera d’un non-lieu.
***** Un des lieux d’exécution choisis par les Allemands. 14 patriotes y trouvèrent la mort. Le 19 avril, avec Jules Ferrouil, tombèrent Jean Creux, Emilien Jacquin, René Roulot et Charles Masson.