EMILE BUCK
Né le 24 décembre 1886 à Paris (XIe arr.), maire de La Rivière-de-Corps en 1935. Mort à Dachau en mars 1945.
Après la Grande Guerre, Émile Buck s’installe à la Rivière de Corps en 1931. Il habite alors 8, Grande rue (aujourd’hui rue J.-Jaurès). Il s’était marié à Vanlay (Aube) en 1909 avec Marie Bavoil dont il eut quatre enfants : Basile, né en 1905, peintre, Auguste, né en 1909, plâtrier, Charlotte, née en 1912 et Madeleine, née en 1914, bonnetière chez Journée. Emile qui fut plâtrier est alors livreur et cafetier.
Émile Buck fut élu conseiller municipal de La Rivière-de-Corps (Aube) en 1932. Il était partisan de Plard, député-maire de Troyes, et appartint au bureau départemental des « Amis du Rappel » puis fut élu au comité central en février 1933 et février 1934. Aux élections municipales de mai 1935, il dirigeait la liste d’Union des gauches et fut élu maire de La Rivière-de-Corps. De nombreuses réalisations sont à retenir à son actif : création d’une classe démontable puis construction d’un nouveau groupe scolaire (1942) ; création d’un terrain sportif (le stade de cette localité porte son nom) ; amélioration de la voirie. Il continue à mener une politique sociale dans sa commune pendant l’Occupation et vient en aide à ses administrés.
Il entre dans la Résistance au sein du BOA (Bureau des Opérations Aériennes qui collabora avec les FTPF dans le Pays d’Othe). Son fils Auguste, né en 1909, démobilisé du front italien, s’inscrit au Front National de l’époque (mouvement de résistance d’obédience communiste qui recrute bien au-delà du PCF). Il est animé par Pierre Villon et crée les FTPF, son bras armé.
Les Buck aident les aviateurs américains à se cacher, participent à un réseau qui sera démantelé sur Sainte-Savine.* Émile est arrêté par la Gestapo le 27 avril 1944 et interné. Son fils est arrêté le même jour à Prugny (10). Ils sont transférés ensemble au camp de Royallieu près de Compiègne (Frontstalag 122), camp d’internement pour les prisonniers politiques jugés dangereux par le Reich ou emprisonnés dans le cadre des lois antisémites. Plus de 50 000 détenus de toutes origines sont passés par ce camp, 49 860 ont été déportées.
Les Buck sont déportés ensuite dans le tristement célèbre « train de la mort » (519 morts identifiés sur 2152) le 2 juillet 1944, qui arrive à Dachau le 5 juillet. Émile Buck meurt dans ce camp en mars 45, quelques jours avant la libération du camp par les Américains. Événement étonnant : En mars-avril 45, à La Rivière de Corps, une liste antifasciste d’Union républicaine élit Eugène Buck, maire, bien qu’il ne soit pas revenu de déportation. A l’annonce de sa mort, c’est Emmanuel Heimann qui fera fonction de maire.
René Lemarquis, Olivier Pottier et Jean Lefèvre
* Sans doute faisaient partie de ce groupe d’aide, Raymonde Dupont et Viviane Gervais, née Cormeux, qui sont arrêtées le 5 mars 1942 à Sainte-Savine et déportées à Breslau. Paul Cléret, un de ses animateurs, fut arrêté en 1943.
SOURCES : Le Rappel, 1932-1939 – L’Aube libre, 1944.