MARIE-EMILE BESSEYRE
Né le 7 octobre 1907 à Auxon (Aube), fusillé le 21 octobre 1942 au stand de tir du Ministère de l’Air à Paris XVème arr. (Seine) ; peintre en bâtiment ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine, puis dirigeant des FTP parisiens.
Fils de Claude, Emile Besseyre, vigneron, et de Catherine Wagner, manouvrière, Marie-Emile Besseyre s’était marié le 15 septembre 1928 à Versailles avec Eugénie Jarrigeon. Il milita dès lors dans la Région parisienne, devint secrétaire du rayon communiste de Vanves (Seine), où il habitait. Dès l’éclatement du coup d’état fasciste en Espagne, il s’engagea dans le camp républicain, fut intégré dans le bataillon « Henri-Vuillemin » de la 13e brigade internationale. Ses états de service indiquent qu’il fut volontaire entre le 17 novembre 1936 et le 23 août 1937. En mars 1941, « Mary » Besseyre faisait partie du triangle de direction du Parti communiste clandestin pour la région P5 (Paris-Sud). Il était chargé de la propagande tandis que les deux autres membres, Loche et Camille Lacazette avaient le rôle du politique et du recrutement. Besseyre fut blessé lors d’une manifestation le 14 juillet 1941 à Richelieu-Drouot. Arrêté, on l’hospitalisa à l’Hôtel-Dieu. Il fut ensuite interné à la Santé, puis relâché.
Grâce à ses qualités de courage et d’organisation, il est nommé, début 1942, membre du triangle dirigeant des FTP parisiens avec Raymond Losserand* et Gaston Carré*. Il est de nouveau arrêté sur dénonciation (1) avec son épouse Antoinette Tressard (voir ci-dessous), le 13 mai 1942, à son domicile dans le XVe arrondissement où il vivait sous une fausse identité. Ce sont les agents du commissariat de Puteaux qui opèrent, sans doute un peu rapidement car, aussitôt, la Brigade spéciale est obligée de lancer son coup de filet, manquant Henri Rol-Tanguy. Dans les jours qui suivirent, la Brigade spéciale décapita l’Organisation Militaire parisienne (2), soit 71 personnes.
Interné à Fresnes puis à la Santé, Besseyre fut condamné à mort par le tribunal allemand de Paris, le 30 septembre 1942 et fusillé avec Losserand et Carré au champ de tir d’Issy-les-Moulineaux. Il avait le grade de Commandant FTPF. Il a obtenu la mention : « Mort pour la France ». A Vanves, une rue Mary-Besseyre lui a été attribuée.
Note concernant Antoinette BESSEYRE, née TRESSARD : En août 1940, Besseyre avait épousé à la mairie de Montrouge Antoinette (parfois appelée Madeleine) Tressard. Celle-ci, née le 7 juin 1919 à Quimperlé (Finistère), était fille unique d’un ferronnier d’art. Antoinette Tressard suivit ses études jusqu’à l’école primaire supérieure et devint secrétaire. Militante communiste, elle fut arrêtée en même temps que son mari le 13 mai 1942. Elle était en relations étroites avec France Bloch-Sarrazin, résistante qui fut guillotinée à Hambourg en 1943. Internée à Romainville, elle fut déportée à Auschwitz le 24 janvier 1943, matricule 31763, puis transférée aux camps de Ravensbrück et de Mauthausen. Elle fut libérée en avril 1945. Homologuée adjudant RIF. Elle fut première adjointe de la municipalité de Vanves à partir de 1945.
Jean-Pierre Besse – Jean Lefèvre
SOURCES : MAITRON. Arch. RGASPI, Moscou, 545/6 (notes de R. Skoutelsky). — Arch. André Marty. — DAVCC, Caen. — Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Éditions de Minuit, 2002. — État civil d’Auxon (10).
* Tous deux faisaient partie de la direction de l’état-major des FTPF avec le Colonel Fabien, Eugène Hénaff et Rol-Tanguy.
(1) La lettre de la dénonciatrice a été retrouvée aux archives de la préfecture. Elle émane d’une certaine Marguerite D. qui fut condamnée à 5 ans de T.F. Elle écrivait : « …Autorisée à vous écrire à la suite de l’annonce parue dans les journaux au sujet des détracteurs communistes : nous avons eu voici quelques années, c’est-à-dire jusqu’à son départ pour l’Espagne, un nommé BESSEYRE (qui n’hésita pas à l’époque de laisser sa femme et ses deux enfants afin d’avoir plus d’activité). […] Depuis, il change fréquemment de domicile, sa femme et sa famille habitent Versailles, je crois qu’il a eu la précaution de divorcer […]. Je ne connais pas l’adresse de sa famille mais il vous sera facile de la trouver à l’état civil à l’hôpital de la localité, en raison du décès de sa petite fille Yvette vers le 19 ou 20 octobre 1941.
Si mon médiocre renseignement peut apporter un peu de lumière car je suis sûre que cet individu est plus que suspect, j’en serai fière, je serai ainsi sûre d’avoir rendu service à mon pays.
Je vous prie, M. le Préfet, d’excuser mon audace à vous écrire, veuillez croire à mon entière [sic] dévouement.«
(2) Le PCF avait créé « l’Organisation Militaire » en octobre 1941, dont Charles Tillon était responsable avec Eugène Hénaff et Albert Ouzoulias (il avait épousé Cécile Romagon en mai 40).