S.T.O. RELOOKÉ : QUAND LE FN ENTEND LE MOT CULTURE…
David Rachline est maire FN de Fréjus et sénateur du Var depuis 2014. Décrit comme un “jeune loup” (brun ?) de l’écurie Le Pen-La fille, il s’auto-qualifie de «modéré». Mais chassez le naturel, il revient au galop. Rachline vient de relooker le STO.
Une quinzaine d’artistes et d’artisans d’art occupaient des locaux à des prix avantageux. Ceci a permis en particulier à Fréjus d’obtenir le label de Ville d’Art et d’Histoire. Désormais, en contrepartie de cette modulation des loyers, le maire veut les contraindre à s’occuper bénévolement d’élèves de primaire et maternelles dans le cadre de l’aménagement des rythmes scolaires. Mieux, les locaux des artistes sont réquisitionnés pour y réaliser les activités périscolaires. «Il y a un minimum de retour [...]. Soit cela se passe bien et tout le monde est d’accord pour participer, soit je mets un terme à cette histoire», a déclaré Rachline qui a derechef modifié les conventions d’occupation des locaux.
FN VS CULTURE : PETIT TOUR DE FRANCE
Fin 2013, dans un article intitulé «un écrin pour de la merde», le directeur de campagne de la liste FN aux municipales à Reims, membre de l’organisation catholique intégriste Civitas, Jean-Claude Philipot, attaquait le Fonds régional d’art contemporain de Champagne-Ardenne (FRAC), dans le cadre de la «croisade du parti» pour bouter hors des musées et théâtres ceux que Gollnisch a depuis longtemps qualifiés de «mafia des cultureux».
Aussitôt élu à Beaucaire (Gard), le maire FN a baissé la subvention du centre culturel. Il est actuellement poursuivi en justice pour avoir comparé le comportement d’enseignants de sa ville à celui de «racailles». «Ce ne sont pas quelques syndicalistes sans éducation, privilégiés, aigris et sectaires, dont le comportement n’a rien a envier à celui de racailles, qui va m’impressionner», avait-il écrit dans un communiqué municipal de juin 2014, après que des membres enseignants du conseil d’administration d’un lycée aient refusé de le saluer et quitté la pièce à son arrivée.
Robert Ménard, maire de Béziers, a supprimé le poste de directeur des théâtres et de la culture de la ville. Sous couvert de culture, des crèches de Noël sont installées dans le hall de la mairie. Confondant culture et communication, le budget com’ de la ville a explosé (+ 167%) alors que les subventions aux associations ont diminué de 580 000 euros. Un livre sur la ville, commandé à Renaud Camus, condamné en avril 2014 pour provocation à la haine religieuse et à la violence, ne verra cependant pas le jour. Le « grand écrivain« , dixit Ménard, ayant aussi de grandes dents en matière de droits d’auteur.
En vue de la présidentielle, les frontistes viennent de créer le Clic. Ce Collectif culture, libertés (un pluriel bien singulier !) et création, est parrainé par Brigitte Bardot pour qui, dit-elle, dans un message daté du 2 juin dernier, «il est urgent de rendre à la culture la place qu’elle n’aurait jamais dû quitter.» Une place, qu’au FN, on voit entourée de barbelés et de miradors.
Hélène Dewaere